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Samedi 13 Juillet 1940

Je me rappellerais longtemps de cette journée. Il a plu toute la journée et par moment l’eau tombait à torrent. Malgré cela nous sommes restés aux champs, sarclant, éclaircissant et plantant des betteraves.

Nous étions trempés jusqu’à la peau. Si seulement nous avions eu un change mais nous n’avons rien, et au départ du camp, on nous a pris notre veste et notre capote ne nous laissant que l’une ou l’autre.

Heureusement que nous avons un bon feu dans notre chambrée. Mais nous sommes déshabillés.

 

 

 

Lundi 15 Juillet 1940 (Saint Henri)

J’ai le cafard. Depuis plus de deux mois, je suis sans nouvelles de ceux que j’aime et j’ai beau faire mon possible pour ne pas y penser, je suis inquiet.

Que ce passe-t-il chez moi ? Tous les jours je rentre du travail avec l’espoir qu’une lettre m’attendra mais il n’y a rien.
Aucun de nous non plus d’ailleurs.

J’ai hâte d’avoir une première lettre car les autres suivront de près et puis je pourrai écrire et ca m’aidera à patienter.

Aujourd’hui c’est la fête de ma femme et je lui envoie mille baisers en pensées.

 

Dimanche 14 Juillet 1940
8eme

Comme tous les jours de la semaine, nous partons au travail. Les autres années, toute la France est en fête ce jour mais cette fois ca ne doit pas être de même.

Pour moi c’est bien triste en tout cas. Il y a un an aujourd’hui que ma vie prenait un autre chemin, car c’est à cette époque que débute mon amour pour ma chère petite femme. Comme j’aurais voulu passer cette journée avec elle.

C’est demain notre fête à elle et à moi et nous ne le fêterons ce jour.

 

Mardi 16 Juillet 1940

Depuis ce matin, nous battons à la machine et je suis à plat. Je n’ai plus l’habitude de faire du travail de force et nous ne sommes pas nourris pour faire un tel travail. Toujours des patates et des patates.

Je souffre de l’estomac et des intestins. Il va falloir que je prenne sur moi de moins manger.